Chretienté/christianophobie

La religion catholique à la lumière du soleil levant. L’efficacité de la prière

La culture de la prière, on pourrait presque dire la coutume de la prière s’est quasiment éteinte dans nos contrées, là même où naguère encore elle était si profondément ancrée et naturellement présente dans la vie quotidienne de chacun. Alors que prier était si normal, si noblement estimé, comme une œuvre de toute beauté accessible à tous, tant que l’on voulait se donner la peine de s’y adonner. Peine pas si terrible que cela lorsqu’on considère à quel point l’œuvre de prière est un caractère à la fois normal et unique au genre humain. L’homme est peut-être un animal politique, comme disait Aristote, mais il est surtout et avant tout un animal priant.

Cesser de prier – ou ne jamais avoir commencé, si cela encore était possible, car tout enfant, tout adulte, même le plus endurci de cœur et d’âme, a dû un jour se surprendre à prier d’une façon ou d’une autre –serait donc l’acte le plus avilissant pour l’homme, en ce qu’il nous rabaisse à une condition non pas simplement animale – ce qui serait encore en un certain sens un mieux, puisque l’animal se trouve hors de la sphère morale, et ne fait que faire sa vie d’animal sans considération ni de Dieu, ni du bien ou du mal -, même pas minérale – encore que – mais tout bonnement à une condition pitoyable, c’est-à-dire celle du diable qui, ne parvenant jamais à revenir sur lui-même et reconnaître son état misérable, ne peut que se complaire dans le mal et rejeter l’évidence de sa faute dans l’agression de l’autre, dans l’agression du divin.

Voici un nouveau critère de mesure de civilisation qui marche à coup sûr : regarder la place de la prière dans la vie de tous les jours et vous saurer si vous avez affaire à une civilisation raffinée ou non – pas besoin de dire que dans ce classement nous ne serions pas bien haut.

La faiblesse de la prière dans notre monde contemporain et occidental témoigne clairement de l’hégémonie, bien plus triste en somme que révoltante, et de l’emprise sur notre siècle de l’esprit diabolique devenu banal. La prière est devenue si ringarde, même parmi les chrétiens, même parmi les gens à la corde « spirituelle », qu’elle ne constitue plus pour beaucoup que l’avatar de superstitions obscurantico-magiques démontrant, pour eux, la nature fondamentalement faiblarde, dans un élan tout nietzschéen, et risible de la religion, en particulier chrétienne, et en particulier catholique.

Rosaires, neuvaines, chapelets, litanies, cantiques –qui ne sont pas ces pseudo-chants souvent hérétiques sinon ridicules, bien vides et certainement pas réalisés dans l’esprit de prière- se font si rares de nos jours, aussi bien dans le tréfonds de nos cœurs, que dans nos familles et nos églises, sans parler même des écoles et autres lieux publics, sacrément profanés au point de refuser tout contact avec le divin.

Comment s’étonner de cette décrépitude de la prière réelle qui demande de s’humilier et de se repentir puisqu’on ne prie que ce qui est plus grand, puisque pour prier il faut faire le grand effort de demander et donc de se mettre dans une position d’infériorité. Toutes choses impossibles au contemporain qui soit est si imbus de sa personne qu’il désire se faire prier, quand il ne rase pas la moquette devant rien d’autres que d’autres raseurs de moquettes tout aussi avides de prières, entre goules informes, spectres terrifiant par leur banalité qui se croient amas de matières sans âme, dans la superstition que le salut pourrait venir d’autre chose que de Dieu.

La prière pourtant est efficace et constitue le moyen pratique le plus naturel pour entrer en contact avec le divin. Pourquoi ne parle-t-on que si peu de prières exaucées ? Le sceptique pas forcément hostile comme d’autres diablotins athéistes, nous dira naturellement au contraire que ce ne sont que foutaises, et que les prières ne s’exaucent pas, voire que parfois la situation s’empire. J’entends, mais ce commentaire ainsi que tout ce qui a rapport au problème du mal – pourquoi dois-je souffrir quand des méchants paraissent comblés – souffre d’un biais inhérent qui le disqualifie. Outre le simple fait que des bons sont aussi comblés, et les exemples sont nombreux dans l’histoire, et outre le fait d’ailleurs que les méchants peuvent paraître comblés, mais sont en réalité déjà au fond du trou – il est fou tout de même qu’on puisse se laisser prendre à l’illusion de la « réussite » sociale et autres mensonges que l’on nous vend malgré une évidente vanité et ridicule superbe de tout cette vacuité, dans ce paradoxe étrange de ne pas parvenir à percevoir de façon équivalente la réalité du divin à la fois visible et invisible, pourquoi faudrait-il ne voir que le moche là où le beau existe aussi ? …mais passons – outre cela, disais-je, le problème de fond se situe dans le point de vue désespérément humain.

Imaginez que l’enfant que vous aimez vienne vous prier d’une chose que vous savez être la pire chose pour lui, vous lui refuserez, évidemment, et quels que soient ses caprices ou son mécontentement, car de toute façon il réalisera un jour de son erreur- il faut espérer que cela ne soit juste pas trop tard. Nous sommes des enfants face à Dieu, et demander, prier des choses qui sont mauvaises, même à notre insu, ne peut avoir d’efficacité. Seul les bonnes choses sont efficaces, la joie, le service, le dévouement. Restons humble, et sachons qu’une épreuve n’est mauvaise que parce que nous la prenons mal. La souffrance est pour le coup quelque chose de bien relatif…

Serait-il la peine de répéter une sagesse certainement universelle, qu’un pieux shintoïste énonce tout simplement, tout naturellement, de ces petites choses qui édifient bien efficacement : devant le divin, avant de prier pour quoi que ce soit, il faut d’abord remercier, rendre grâce pour la vie que nous avons reçu du créateur, et que nous continuons à recevoir chaque jour dans nos repas, dans toute chose et ainsi se mettre en position d’humilité pieuse, premier pas pour prier efficacement, et se trouver dans la bonne dynamique de cœur.

Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France

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