Chretienté/christianophobie

La période du carême mène à la joie de la Résurrection

En plein carême peut se poser la question de l’identité catholique, autrement dit comment être un disciple de Jésus-Christ dans l’Église catholique, puisqu’il existe des disciples du Christ dans d’autres Églises ? Etre catholique, c’est avant tout être un disciple du Christ qui a été appelé à suivre la voie ouverte par Jésus. C’est répondre à un appel, plutôt que disposer d’une identité. On n’est pas forcément catholique par sa naissance, son éducation, sa culture mais on peut le devenir par choix pour vivre dans l’intimité du Christ. Les premiers disciples étaient des catholiques, non pas parce qu’ils obéissaient à un pape ou croyaient à une théologie trinitaire qui n’avait pas encore été formulée, mais parce qu’ils se rassemblaient en sachant qu’ils étaient alors à deux ou trois, le corps du Christ.

Être catholique, c’est aussi tout un style de vie qui peut varier selon les âges, les continents. Mais ce qui ne varie pas, c’est la confiance dans la vie que Dieu donne, la certitude profonde que le pardon vaut mieux que la haine et que, même si on n’y parvient pas toujours, il est toujours possible et fructueux d’aimer ses ennemis. Quand vous y parvenez, à condition que la justice soit respectée, vous découvrez que la vie est meilleure. Mais que de chemin encore à faire pour réussir cet exploit du pardon quand le pire a été commis et qu’il paraît impossible de pardonner.

Chaque personne a une perception différente des efforts à réaliser durant le carême. Pour moi, qui ne sais pas encore pardonner, j’aimerais réussir à prendre cette voie. L’Évangile nous demande « d’aimer nos ennemis : Jésus pardonne ses ennemis, fait tout pour les pardonner. Il nous invite à aimer ceux qui nous persécutent. Se venger par contre n’est pas chrétien. Mais comment pourrait-on aimer ceux qui prennent la décision de bombarder et de tuer tant de gens ? Et encore, comment peut-on aimer ceux qui par amour de l’argent empêchent les médicaments d’arriver aux personnes âgées et les laissent mourir ? Ou ceux qui cherchent seulement leur propre intérêt, leur propre pouvoir et font tant de mal ? »

« Cela semble donc difficile d’aimer son ennemi », a fait récemment remarquer le Pape, mais Jésus nous le demande. La liturgie de ces jours-ci, a rappelé le Pape, nous propose pourtant « cette mise à jour de la loi » par Jésus, « de la loi du Mont Sinaï à la loi du Mont des Béatitudes ». 
Le Pape a ensuite souligné que « tous nous avons des ennemis, mais que nous aussi nous pouvons devenir les ennemis d’autres personnes. » « Nous aussi tant de fois nous devenons les ennemis des autres : nous ne voulons pas leur bien alors que Jésus nous dit que nous devons aimer nos ennemis ». « Et ce n’est guère facile ». Le Pape a reconnu que parfois nous pouvons avoir « l’impression que Dieu nous demande trop ». Et de penser : « Laissons cela aux sœurs recluses dans leurs couvents, qui sont saintes ; laissons cela à quelque sainte personne, car pour la vie normale cela ne va pas ». Et pourtant, répétait le Pape François, cela doit se faire ! Jésus nous dit : « Non, nous devons le faire ! Parce que sinon vous êtes comme les publicains, comme les païens. Vous n’êtes pas chrétiens ». « L’Évangile, soulignait encore le Pape, nous dit deux choses à ce propos : tout d’abord regarder l’exemple du Père qui fait luire le soleil sur les mauvais et sur les bons et fait pleuvoir sur les justes et les injustes ». « En effet, Dieu a de l’amour pour tous ». Et Jésus nous demande « d’être parfaits comme est parfait le Père Céleste », « imiter le Père avec cette perfection d’amour ». 

« Mais comment peut-on réussir à aimer nos ennemis ? » « En priant », répondait le Pape à sa propre question. «Quand quelqu’un prie pour celui qui le fait souffrir, c’est comme si le Seigneur venait avec l’huile et préparait nos cœurs à la paix ». « Prier, voilà ce que Jésus nous conseille. Dire à Dieu : « transforme son cœur. Il a un cœur de pierre, mais change-le, donne lui un cœur de chair, qui sente et qui aime ». Il faut donc prier pour son ennemi, pour ceux qui ne nous aiment pas. » Au fil des ans, j’essaie, mais je dois bien reconnaître que je n’y suis toujours pas parvenue, osant ajouter une parenthèse dans la prière du « Notre Père » : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Et là, j’ose dire « sauf à untel ou une telle. Pas facile le pardon !

Pour ce 3e dimanche de Carême, n’oublions pas que Moïse a vu le buisson ardent et entendu la voix de Dieu, mais son ministère s’opère dans la douleur. Et Jésus reconnaît ne pas réussir : le figuier ne porte pas de fruit. Mais, pareil au vigneron de la parabole, le Seigneur ne se décourage pas. Il est rempli d’une ressource inépuisable de confiance. Son amour brûle sans se consumer.

Si l’Église nous recommande le jeûne, la prière et le partage, c’est avant tout pour nous donner envie de grandir dans la joie avec Dieu et les autres et ne pas oublier qu’après avoir vécu les quarante jours au désert, nous arrivons à la terre promise, pour devenir soi, enfant bien-aimé du Père. Le carême, c’est un temps pour s’y exercer. Quarante, c’est aussi quarante semaines, et la grossesse dure quarante semaines. C’est une belle image, qui veut dire que le carême est un temps qui est proposé pour renaître, pour renaître à moi-même. C’est un temps de retournement sur soi, de relecture de vie, qui nous est proposé tous les ans et qui suppose que chaque année, nous nous améliorons.

Se retrouver soi-même, cela se fait en contemplant le Christ. Jésus a dit: « Je vous dis tout cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite“. Le désir de Jésus, c’est que nous connaissions en profondeur la joie, sa joie. Peut-on parler de joie quand on contemple le Christ en croix ? Dans la lettre de carême du pape François, il écrit : « Jésus est riche de sa confiance sans limites envers le Père, de pouvoir compter sur lui à tout moment. »

Le jeûne demande des efforts, des sacrifices. Quand j’ai faim, je comble immédiatement ma faim, je vais accepter de manquer, non pas pour manquer, mais pour m’ouvrir à un bien plus grand encore. La faim me fait prendre conscience de ceux qui ne choisissent pas la faim, et pour lesquels je dois me sentir encore plus solidaire. Chacun de nous peut choisir son type de jeûne, selon son travail, son environnement familial. Ne manger que du poisson le vendredi et rien le soir, c’est ce que j’appelle du « facile à appliquer » quand on y est habitué depuis l’enfance. Tout est toujours dans l’éducation familiale. Et le vendredi saint, il est évident qu’il faut rester à jeun toute la journée et pour mieux tenir, dîner la veille un peu plus que d’habitude.

Le carême, c’est aussi préparer Pâques, un événement essentiel de la vie de l’Église qui a plusieurs dimensions. Les grandes cérémonies de la Semaine sainte, le lavement des pieds, la procession de la croix, et cette longue marche de la veillée pascale le disent très bien. Tout cela, c’est un peuple en marche. Une autre dimension pendant la Semaine sainte est de nous laisser faire par la liturgie qui est très belle. J’estime avoir beaucoup de chance d’être catholique pour tous ces repères qui s’offrent à moi et me permettent de mesurer avec le temps la distance qui me sépare du Seigneur et des autres.

Chers lectrices et lecteurs, si vous ne faites pas le carême cette année, n’étant pas encore convaincus de toutes les grâces qu’il apporte, ne vous inquiétez pas, ce sera peut-être pour l’année prochaine. Que la période du carême qui mène à la joie de la Résurrection vous donne la force de l’Esprit Saint. Restez dans l’espérance d’une belle vie, riche d’amour, d’émotions et de partage. Et résistez aux tentations de la table, si vous le pouvez. Ça ne dure que 40 jours. Que Dieu soit toujours dans votre cœur et votre esprit.

Excellente semaine à toutes et à tous dans la joie de se priver un peu pour donner à ceux qui font, bien malgré eux, le carême toute l’année et sans le savoir et qui apprécieront votre sourire et votre générosité.

Solange Strimon

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