Chretienté/christianophobie

Avec saint Joseph, la fête des pères

Alors que des adolescents font la « une » des journaux pour des faits divers de violence et d’agressions en tous genres, tournons-
nous vers les pères, dont c’est la fête aujourd’hui et essayons de comprendre pourquoi  cet échec sociétal, cette défaite de la famille qui pourrait être évitée si les pères tenaient vraiment leur rôle, tout comme saint Joseph : “Joseph a agi à l’égard du Christ Jésus très précisément comme chef de famille, c’est-à-dire qu’il fait bénéficier le Christ de tout l’exercice de son dévouement pendant le temps où Jésus est plus indigent, plus fragile. Et ensuite, non seulement il le laisse aller, mais parce qu’en Joseph les lois de la Providence se réalisent de la manière la plus claire, il disparaît purement et simplement…… parce que c’est en Joseph qu’aboutit la vocation de l’humanité, de la famille humaine, et que cette vocation de l’humanité est connexe, intimement, à la Rédemption.

Le doux saint Joseph, le père nourricier, le père éducateur, reste un modèle pour tous les pères de la terre, tant au niveau de Jésus que de la sainte Famille. Dans notre société, l’absence du père peut avoir deux conséquences graves pour l’enfant. Il s’agit tout d’abord de l’absence de modèle d’identification pour le garçon et d’image de l’autre sexe pour la fille et d’autre part de difficulté à intégrer des limites. Si on peut considérer que la carence de la mère est très préjudiciable dans la période de l’enfance, celle du père est dramatique dans celle de l’adolescence, étape où il est question de se construire, autrement que dans la violence, une violence qui se manifeste naturellement. Comme l’écrit André Comte-Sponville, l’agressivité est naturelle chez l’être humain. Par contre, la convivialité et la paix sont les fruits de l’éducation.

Une société sans père est une société sans repère” et la montée de la violence à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est pas seulement due aux phénomènes d’exclusion, mais elle est aussi une conséquence de l’effacement du rôle des pères. Le rôle du père, c’est de conjuguer amour et loi.

La fête des pères n’est pas une célébration particulièrement récente. Une journée était déjà dédiée aux pères de famille chez les catholiques dès le Moyen-âge, le 19 mars, jour de la Saint Joseph en l’honneur du père de Jésus.  L’une des premières fêtes des pères modernes, non religieuse, fut instaurée en 1909 dans la ville de Spokane dans l’État de Washington par une jeune femme, Sonora Smart Dodd. Trois ans plus tard était célébrée la première fête des pères. Cette idée a mûri au fil des années aux États-Unis et  de nombreux pays célèbrent les pères de familles à différents moments de l’année et selon divers processus, lui consacrant par exemple un jour férié ou non. En 1966, le Président américain Lyndon Johnson déclarait officiellement le troisième jour de juin comme étant “The Father’s Day”. Richard Nixon rendit cette proclamation permanente en 1972.  En France, c’est en 1952 que cette fête est apparue, impulsée par le fabricant de briquets “Flaminaire” qui voyait bien dans cette journée l’occasion d’offrir un briquet à son père. 

Les enfants de la violence souffrent d’un déficit d’éducation : ils n’ont pas appris à supporter la frustration. Le problème de cette violence des jeunes n’est donc pas d’abord un problème de jeunes, mais un problème d’adultes. Comment se fait-il que notre génération soit en si grande difficulté pour exercer sa mission d’apprentissage de la régulation de la violence auprès des enfants et des adolescents? Ce ne sont pas les adolescents qui sont les coupables, mais bien les “pères démissionnaires”.  Admettons qu’il est très difficile d’être père aujourd’hui, compte tenu des libertés accordées aux enfants et de leur accessibilité aux moyens de communication, de comparaison, d’influence ! Le rôle essentiel de l’autorité paternelle est de sécuriser et de responsabiliser. Sécuriser, c’est être capable de dire non. Responsabiliser, c’est développer sa capacité à devenir acteur de sa vie.On parle beaucoup de crise de l’autorité. Il vaudrait mieux parler de crise des porteurs d’autorité.

On parle aussi de parité, mais pourquoi n’est-elle appliquée dans les secteurs de l’éducation, de la justice, où domine le modèle féminin, alors que le modèle masculin ne se trouve que chez les CRS ? Le modèle familial traditionnel était fondé sur la domination masculine et la défense de la paternité et de la filiation. Le statut des femmes se modifie au XXe siècle lorsqu’elles entrent massivement dans la vie professionnelle et acquièrent une autonomie économique, des droits civiques et sociaux, pouvant ainsi s’affirmer autrement que comme épouses et mères. Les femmes cherchent alors de nouvelles règles de conjugalité et de parentalité, mais sont confrontées aux exigences contradictoires qu’implique la diversité de leurs rôles. La place qu’elles veulent occuper est alors difficile à définir et à assumer. Le père se trouve aussi dans une situation délicate, pour des raisons à la fois semblables et différentes. Dans le modèle familial traditionnel, il occupait une place incontestée : la première. Pourtant, sa place a subi d’importantes transformations dans l’histoire. Notamment à la fin du XIXe siècle, avec l’instauration de la scolarité obligatoire, l’État s’était approprié une partie de ses prérogatives en matière d’éducation. Mais le père n’en conservait pas moins sa prééminence, du fait de son statut de principal pourvoyeur de ressources pour sa famille. Avec l’entrée des femmes sur le marché du travail, cette fonction s’est trouvée relativisée.

Pourtant la cellule familiale en transition a tendance à se recentrer autour de la mère, pôle de stabilité et de permanence sans que la situation soit véritablement reconnue dans ce sens.  La relation père-enfant est prisonnière de sa dimension symbolique et séparatrice, parfois à l’exclusion de toute autre forme de place et de rôle. La place du père est l’objet de controverse, son rôle est tiraillé entre deux pôles : une plus grande implication qui semble légitime, et le maintien d’une distance qui, entre le père et l’enfant, semble s’être inévitablement étendue au cours de l’histoire. Qu’il est difficile en 2013 d’assumer pleinement ce rôle de père !

Selon Éphraïm, fondateur de la communauté des Béatitudes, Dieu suscite la Sainte Famille, foyer inaccessible d’amour, “d’une perfection totalement éloignée de la réalité humaine…” Et dans la Sainte Famille, Dieu propose à notre admiration un “modèle renouvelé de la relation père-Fils”, Joseph-père étant “l’icône parfaite de la paternité divine.”.”

Les familles qui veulent être chrétiennes doivent regarder Joseph et le prendre comme modèle, car c’est en Joseph qu’aboutit la vocation de la famille humaine. En Joseph, toutes les familles de la terre seront bénies. (Genèse XXII, 18) Les familles recevront de lui des secours très particuliers pour réaliser la noblesse de leur vocation. Toute famille, en effet, devrait être une école de miséricorde, et son modèle c’est, incontestablement, Saint Joseph: “Joseph est le père que le Père Tout-Puissant s’est associé pour nous donner son Fils comme Sauveur, et manifester par là sa suprême Miséricorde… la Miséricorde est le sommet des attributs de Dieu, que nous concevons dans ses rapports avec le monde qu’Il a créé et qu’Il conserve…C’est l’amour vainqueur de ce qui s’oppose le plus à l’amour,… au refus formel de l’amour, au mépris de l’amour.

La famille est la société du pain quotidien, celle qui assure à l’enfant les besoins élémentaires, et quand l’enfant devient adulte et peut se suffire à lui-même, la famille le laisse aller, en continuant à lui assurer son amour. Bien entendu, « un papa, une maman, c’est ça des vrais parents », alors aidons qui nous pouvons à devenir de vrais parents,  sans se laisser influencer par des « modes » ou des essais de déconstruction de la famille. Puisse l’Esprit saint se pencher particulièrement sur tous les pères ce dimanche pour les aider à devenir ou à rester des éducateurs, au sens de saint Joseph ! Excellente semaine à toutes et à tous, dans la joie et la bonne humeur…

Solange Strimon

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